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mun avec son frère les grands yeux gris qu’ils avaient hérités l’un et l’autre d’Anne d’Autriche. Son habit était surchargé de flots de rubans qui bruissaient quand il marchait, et ses pieds disparaissaient sous les larges rosettes étalées sur ses souliers. Sa poitrine était couverte de croix, de plaques, de bijoux et d’insignes, dont une partie était cachée par le large ruban bleu de l’Ordre du Saint-Esprit posé en sautoir par-dessus son habit, et dont les deux bouts étaient réunis en un gros nœud retenant une épée à poignée enrichie de diamants.

— Eh bien, Monsieur, vous semblez moins gai qu’à l’ordinaire, aujourd’hui, dit le roi avec un sourire. Votre habit est radieux, mais votre front est sombre. J’espère que Madame et le duc de Chartres sont en bonne santé.

— Ils sont en très bonne santé, Sire, mais ils sont tristes comme moi, et pour la même raison.

— Vraiment ! Et pour quelle raison ?

— Ai-je jamais manqué à mes devoirs de frère cadet, Sire ?

— Jamais, Philippe, jamais, dit le roi en posant affectueusement sa main sur l’épaule de son frère.

— Alors pourquoi me manquer ainsi d’égards ?

— Philippe !

— Oui, Sire, je dis que c’est un manque d’égards. Nous sommes de sang royal et nos femmes sont aussi de sang royal. Vous avez épousé l’Infante d’Espagne, j’ai épousé la princesse de Bavière ; je l’ai fait par condescendance, mais je l’ai