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craindre, madame, aucune je vous assure. D’autres peuvent croire que vous avez perdu votre influence, mais nous qui connaissons le cœur du roi, nous pensons autrement. Quelques jours peuvent passer, quelques semaines tout au plus, et ce sera sur vous de nouveau que se porteront tous les yeux de la France.

Les sourcils de Mme de Maintenon se contractèrent et elle regarda le prélat comme si ses paroles lui avaient déplu.

— Je crois pouvoir assurer, dit-elle, que l’orgueil ne m’a pas égarée ; mais si je sais lire dans mon âme, il n’y a rien de personnel dans le chagrin qui me meurtrit le cœur. Que m’importe le pouvoir ? Tout ce que je demande c’est une petite chambre, quelques loisirs pour mes dévotions, et la certitude d’être à l’abri du besoin.

— Malgré tout cela, ma fille, vous êtes ambitieuse.

C’était le jésuite qui avait parlé. Sa voix était nette et froide et ses yeux perçants semblaient lire au fond de son âme.

— Vous avez peut-être raison, mon père. Dieu me garde d’entretenir une trop haute estime de moi-même. Et pourtant je ne crois pas être ambitieuse. Le roi dans sa bonté m’a offert des titres, je les ai refusés ; de l’argent, je ne l’ai pas accepté. Il a daigné me demander mon avis sur les affaires de l’État, je me suis abstenue de le lui donner. Où donc est mon ambition ?

— Dans votre cœur, ma fille. Une simple question :