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Pensez à nos longues heures d’amour, Sire, et dites que vous me pardonnez. J’ai tout abandonné pour vous, Sire, mari, honneur, tout. Oh ! n’oublierez-vous pas votre colère, comme j’ai oublié la sienne ? Mon Dieu ! il pleure ! Je suis sauvée. Je suis sauvée.

— Non, madame, cria le roi, en passant sa main sur ses yeux. Vous voyez la faiblesse de l’homme, mais vous verrez aussi la fermeté du roi. Quant à vos insultes, je vous les pardonne volontiers, si cela peut vous faire plus heureuse dans votre retraite. Mais j’ai un devoir à remplir envers mon peuple, et ce devoir c’est de lui donner le bon exemple. Or, nous avons trop peu pensé à de telles choses, et le temps est venu où il est nécessaire que nous passions en revue notre vie passée et que nous nous préparions à la vie à venir.

— Oh ! Sire, vous me peinez. Vous êtes à peine à la fleur de l’âge et vous parlez comme si la vieillesse était déjà sur vous. Dans une vingtaine d’années ceux qui prétendent que l’âge a produit un changement dans votre vie auront peut-être raison, mais…

Le roi eut un tressaillement.

— Qui prétend cela ? cria-t-il avec colère.

— Oh ! Sire, je vous demande pardon. Cela m’a échappé. Oubliez ce que j’ai dit. Personne ne parle de cela, personne.

— Vous me cachez quelque chose. Qui a dit cela ?