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moi, Louis, le roi. Ces choses-là ne se font pas deux fois.

— Oh ! j’ai été méchante, dit-elle en sanglotant ; je le sais, je le sais.

— Je suis heureux, madame, que vous daigniez le reconnaître.

— Comment ai-je pu vous parler ainsi ? Comment ? Moi qui n’ai reçu de vous que des bontés ! Moi vous insulter, vous qui êtes l’auteur de tout mon bonheur. Oh ! Sire, pardonnez-moi, pardonnez-moi pour l’amour de Dieu, pardonnez-moi.

Louis avait le cœur naturellement bon. Il était touché et son orgueil était flatté de l’abaissement de cette femme si belle et si hautaine. Ses autres favorites avaient tout accepté de lui sans récrimination, mais celle-ci avait été si fière, si inflexible, jusqu’au jour où elle avait senti la main du maître. Il secoua la tête, et bien que son regard se fût adouci en se fixant sur son ancienne maîtresse, ce fut d’une voix très ferme qu’il répondu :

— C’est inutile, madame, je pense à cela depuis longtemps, et votre conduite d’aujourd’hui n’a fait que hâter une décision déjà prise. Il faut que vous quittiez le palais.

— Je quitterai le palais. Dites-moi seulement que vous me pardonnez. Oh ! Sire, je ne peux pas supporter votre colère ; elle m’accable ; je ne suis pas assez forte. Ce n’est pas le bannissement, c’est la mort à quoi vous me condamnez.