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pourrait compter sur l’aide de la France. Naturellement, connaissant les intentions de Votre Majesté, j’ai répondu oui sans hésiter.

— Vous avez répondu quoi ?

— J’ai répondu, Sire, qu’il pouvait compter sur nous.

Le visage du roi s’empourpra de colère, et il saisit les pincettes avec un mouvement comme s’il eût voulu en frapper son ministre. Mme de Maintenon s’élança de sa chaise et posa doucement sa main sur son bras. Il rejeta les pincettes, mais ses yeux étaient encore brillants de colère lorsqu’il les fixa sur Louvois.

— Comment avez-vous osé ? cria-t-il.

— Mais, Sire !

— Je vous demande comment vous avez osé… Quoi ! vous vous permettez d’envoyer une pareille réponse sans me consulter ! Combien de fois faut-il vous répéter que l’État, c’est moi… moi seul, que tout doit venir de moi et que je suis responsable devant Dieu seul. Qu’êtes-vous ici ? Un instrument, mon instrument ! Et vous vous permettez d’agir sans mon autorité.

— Je croyais connaître vos intentions, Sire, bégaya Louvois, dont les manières hautaines étaient complètement tombées, et dont la figure était aussi blanche que la dentelle de son jabot.

— Vous n’êtes pas ici pour présumer de mes intentions. Vous êtes ici pour les consulter et y obéir. Pourquoi ai-je tenu ma vieille noblesse à