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Le poète, son livre sous le bras, s’esquiva pendant que le célèbre ministre, grand, imposant, avec son grand nez aquilin, et sa lourde perruque, entrait en saluant. Ses manières étaient d’une politesse exagérée, mais sa physionomie hautaine ne marquait que trop clairement son mépris pour l’humble pièce et la dame qui l’habitait. Et elle avait bien conscience du sentiment qu’il entretenait à son égard, mais elle savait admirablement se dominer, et elle n’eut ni un regard ni une parole en réponse à l’expression hostile du ministre.

— Mon modeste appartement est vraiment très honoré aujourd’hui, dit-elle en se levant la main tendue. Monsieur de Louvois voudra-t-il condescendre à prendre ce tabouret, car je n’ai pas de siège plus convenable à lui offrir dans cette petite chambre de poupée ? Mais je suis peut-être importune, si vous avez à vous entretenir d’affaires d’État avec le roi ? Je puis me retirer dans mon boudoir.

— Non, non, pas du tout, madame, s’écria le roi. Je désire que vous restiez ici. Qu’y a-t-il, Louvois ?

— Un messager vient d’arriver d’Angleterre avec des dépêches, Sire, répondit le ministre, mal à l’aise dans sa corpulence sur le tabouret à trois pieds. On est mal disposé là-bas contre nous, et on parle d’un soulèvement, La lettre de lord Sunderland demande si, dans le cas où les Hollandais se mettraient du côté des mécontents, le roi