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puisqu’elles sont pour les yeux plutôt que pour l’oreille.

Le poète fit un signe d’assentiment.

— Pas de tragédie non plus, monsieur, dit Mme de Maintenon en levant les yeux. Le roi a assez de choses sérieuses pour l’occuper, et je désire que vous mettiez votre talent à l’amuser.

— Oui, voyons une comédie, dit Louis. Je n’ai pas eu un bon moment de rire depuis que ce pauvre Molière est mort.

— Ah ! Votre Majesté a vraiment un goût sûr, dit le poète courtisan. Si elle avait voulu condescendre à tourner son attention vers la poésie, elle nous aurait tous surpassés.

Louis sourit, car aucune flatterie n’était trop outrée pour lui déplaire.

— De même que vous avez enseigné la guerre à nos généraux, et l’art à nos architectes, vous auriez donné du talent à vos pauvres chanteurs. Mais Mars daignerait à peine partager les lauriers plus humbles d’Apollon.

— J’ai quelquefois pensé que j’avais quelque étoffe en moi, répondit le roi avec complaisance, quoique au milieu des travaux et du fardeau de l’État je n’aie guère eu le temps de m’adonner comme vous dites aux arts plus paisibles.

— Mais vous avez encouragé les autres à faire ce que vous eussiez si bien fait, vous-même, Sire. Vous avez produit des poètes comme le soleil produit des fleurs. Combien n’en avons-nous pas vu ? Molière, Boileau, Racine et tant d’autres, à peine