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n’est-il pas naturel que notre esprit prenne un pli plus grave. Nous nous ferions des reproches s’il n’en était pas ainsi, et cela nous montrerait, que nous n’avons pas profité des leçons de la vie.

— Vous avez peut-être raison, et pourtant il est bien triste et bien ennuyeux de ne trouver de plaisir à rien. Mais on frappe, qui est là ?

— C’est ma demoiselle de compagnie. Qu’y a-t-il, mademoiselle ?

— M. Corneille vient pour faire la lecture à Sa Majesté, dit la jeune fille en ouvrant la porte.

— Oui, Sire, je sais combien peu intéressante est la langue d’une femme, et j’ai prié une plus habile que la mienne de vous charmer. M. Racine devait venir, mais j’ai appris qu’il a fait une chute de cheval et il m’envoie son ami à sa place.

— Comme il vous plaira, Madame, comme il vous plaira, dit le roi d’un ton indifférent.

Sur un signe de Mlle Nanon, un petit homme maigre, avec une figure éveillée et de longs cheveux gris qui lui tombaient sur les épaules, entra dans la chambre. Il fit trois profondes révérences, et alla s’asseoir nerveusement sur le bord du siège qui lui fut désigné. Mme de Maintenon souriait et faisait des signes au poète pour l’encourager, pendant que le roi s’enfonçait dans son fauteuil avec un air de résignation.

— Une tragédie, une comédie, ou une pastorale burlesque ? demanda timidement Corneille.

— Non, pas de pastorale burlesque ; ces choses là peuvent se jouer, mais ne peuvent pas se lire,