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ouvrage et sa tapisserie. La dame elle-même était assise à l’autre bout de la pièce, tournant le dos à la lumière, quand le jeune officier entra.

C’était sa place favorite et, cependant, il y avait peu de femmes de son âge qui eussent moins de raisons de craindre le soleil. Ses habitudes de vie active lui avaient laissé une peau délicate et veloutée qu’eût pu envier n’importe quelle jeune beauté de la cour. Elle avait un port, de reine plein de grâce, des gestes et une pose d’une dignité naturelle, et sa voix, comme nous l’avons dit déjà, avait des inflexions douces et mélodieuses. Ses traits étaient nobles plutôt que beaux, d’une pureté de lignes classique, avec un front large et blanc ; sa bouche ferme exprimait une sensibilité délicate, et elle avait de grands yeux gris sérieux et calmes au repos, mais capables de traduire toutes les émotions de son âme, depuis le gai scintillement de la bonne humeur, jusqu’au rapide éclair de la colère. Une haute sérénité était cependant l’expression maîtresse de ses traits et, en ceci, elle présentait un contraste frappant avec sa rivale, dont le beau visage reflétait toujours l’émotion du moment, un instant clair et radieux, l’instant d’après assombri, comme un coin de ciel par un temps incertain.

Mme de Montespan l’emportait en esprit et en vivacité, mais le bon sens et l’intelligence mieux assise de la plus âgée des deux femmes pouvaient bien, en fin de compte, se trouver la meilleure arme. Catinat n’avait pas eu le temps de