Page:Doyle - La nouvelle chronique de Sherlock Holmes, trad Labat, 1929.djvu/130

Cette page a été validée par deux contributeurs.
130
LA NOUVELLE CHRONIQUE

l’emprisonnait, incapable de tenir en place, promenait de long en large sa robe de chambre gris souris.

— Nous avons du champ devant nous. Cette histoire peut nous ménager des surprises. Je suis stupide de ne l’avoir pas senti d’emblée.

— Pour l’instant, elle me reste bien obscure.

— Ce n’est pas que j’en voie encore le bout, mais j’ai une idée qui peut nous mener loin : Cadogan West aura trouvé la mort ailleurs que dans le train ou sur la voie ferrée, et l’on se sera débarrassé du corps en le mettant sur le toit d’une voiture !

— Est-il possible ?

— En effet, cela semble étrange. Mais considérez les faits. Est-ce pur hasard si on le trouve à l’endroit même où le train oscille et penche en prenant l’aiguille ? Un objet placé sur le toit d’une voiture ne doit-il pas, presque fatalement, tomber à cet endroit ? Le passage sur l’aiguille n’affecterait pas un objet placé à l’intérieur du train. Ou le corps est tombé du toit d’une voiture, ou il s’est produit je ne sais quelle coïncidence. Joignez qu’on ne trouve pas de sang sur la ligne. Évidemment, on n’en peut trouver si c’est ailleurs que le corps a saigné. Chacun de ces deux faits est significatif en soi. Réunis, ils prennent une force double.

— Et le fait du billet ! m’écriai-je.

— Précisément. Nous n’expliquions pas l’absence du billet : maintenant elle s’explique. Tout concorde et fait bloc.

— D’ailleurs, votre théorie admise, la mort de Cadogan West n’en demeure pas moins mystérieuse. Le problème n’est pas simplifié, il devient seulement plus bizarre.

— Peut-être, fit Holmes pensif, peut-être.