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un banc de pierre, qu’on n’apercevait pas en arrivant de la maison. Je m’approchais de ce lieu quand le bruit d’une conversation frappa mes oreilles : au timbre profond d’une voix d’homme répondait le petit rire saccadé d’une femme ; et je n’eus qu’à faire le tour de la haie pour me trouver en face de Mrs. Douglas et de Barker avant qu’ils eussent éventé ma présence. L’aspect de Mrs. Douglas me saisit. Dans la salle à manger, tout à l’heure, je l’avais vue discrète et grave ; maintenant elle avait dépouillé tout faux chagrin, la joie de vivre illuminait ses yeux, une réflexion de Barker l’avait si fort égayée que ses traits riaient encore. Barker, lui, se penchait en avant, les mains sur les genoux ; et son beau visage avantageux se contentait de sourire. À l’instant même où je me montrai, ils reprirent leurs masques, mais trop tard. Je vis qu’ils échangeaient rapidement quelques paroles. Puis Barker se leva et m’aborda.

« Pardonnez-moi, monsieur, me dit-il ; c’est bien au docteur Watson que je m’adresse ? »

Je lui répondis par un salut si froid que je n’aurais pu lui signifier mes sentiments d’une façon plus nette.

« Nous nous en doutions, l’amitié qui vous lie à M. Sherlock Holmes n’étant ignorée de personne. Voudriez-vous accorder à Mrs. Douglas quelques secondes d’entretien ? »

Je le suivis de mauvais gré. Je revoyais en esprit le cadavre défiguré gisant, là-bas,