Page:Doyle - La Vallée de la peur.djvu/76

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sur lui une menace ; mais il refusait de s’en expliquer avec moi. Non par manque de confiance, car entre nous la confiance et l’affection étaient complètes, mais par souci d’écarter de moi toute inquiétude. Il pensait que je me tourmenterais, et il gardait le silence.

— Alors, comment avez-vous su ? »

Le visage de Mrs. Douglas s’éclaira d’un fugitif sourire.

« Un mari peut-il porter toute sa vie un secret en le dérobant à la femme qui l’aime ? Je devinai à bien des signes qu’il avait un secret. Je le devinai à son parti pris de me cacher certains épisodes de son existence en Amérique. Je le devinai aux précautions dont il s’entourait, à des mots qui lui échappaient, à sa façon d’examiner les visiteurs imprévus. J’acquis l’absolue certitude qu’il avait des ennemis puissants, qu’il les croyait lancés à sa poursuite, qu’il se tenait sur ses gardes. J’en étais si sûre que, pendant cinq ans, il n’a pu sortir de chez lui sans que j’aie tremblé chaque fois qu’il ne rentrait pas à l’heure.

— Puis-je vous demander, dit Holmes, quels mots lui échappaient qui mirent votre attention en éveil ?

— « La Vallée de la Peur », répondit Mrs. Douglas. C’était une expression dont il se servait quand je lui posais des questions. « J’ai été dans la Vallée de la Peur, je n’en suis pas encore sorti », disait-il. « Ne sortirons-nous jamais de la Vallée de la Peur ? »