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dans ces dernières années, sa situation et son pittoresque ont attiré un certain nombre de riches résidents, dont les villas clignent de l’œil à travers les futaies d’alentour. Dans le pays, on considère ces futaies comme constituant la lisière extrême de la forêt de Weald, qui va s’amincissant de plus en plus vers les dunes crayeuses du nord. Quelques petits magasins ont commencé de s’installer à Birlstone pour les besoins de la population nouvelle, en sorte qu’on peut prévoir le jour où ce village suranné aura fait place à une ville moderne. Il est le centre d’une région très étendue, puisqu’on doit aller jusqu’à Tunbridge Wells, à dix ou quinze milles dans l’est, sur les confins du Kent, pour rencontrer une autre localité tant soit peu importante.

À un demi-mille environ de la ville, dans un très vieux parc fameux par ses énormes hêtres, se dresse le manoir de Birlstone. Une partie de ce vénérable édifice date de la première croisade : au centre du domaine que lui avait octroyé Guillaume le Roux, Hugo de Capus bâtit à l’époque une petite forteresse, que le feu détruisit en 1543, et dont quelques pierres angulaires, noircies par la fumée, furent utilisées quand, sous les Stuarts, une maison de campagne construite en briques fit table rase du château féodal. Le manoir, avec ses nombreux pignons et ses fenêtres à losanges, demeurait tel que son propriétaire l’avait laissé au début du xviie siècle. Des