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Londres. Il leur vendait son intelligence et ses talents d’organisateur moyennant quinze pour cent de commission sur leurs entreprises. Tout s’est fait, tout se refera. Je vais vous dire sur Moriarty une ou deux choses très édifiantes…

— Qui m’édifieront, puisque vous en répondez.

— Il se trouve que je connais le premier anneau de la chaîne, de cette chaîne qui commence à Moriarty pour aboutir à un certain nombre de misérables comparses : picpockets, escrocs, aigrefins, rattachés à lui par toutes sortes de crimes. Le chef d’état-major de la troupe est le colonel Sébastien Moran, lequel sait se tenir en dehors, au-dessus et à l’abri de la loi, autant que Moriarty lui-même. Combien croyez-vous que Moriarty le paye ?

— Dites.

— Six mille livres par an. Le professeur suit la méthode américaine, il rétribue le mérite. C’est un détail que j’ai su par hasard. Six mille livres : plus que le traitement d’un premier ministre. Imaginez par là ce que gagne Moriarty, et sur quelle échelle il opère. Autre chose. J’ai eu la curiosité de rechercher, ces derniers temps, un certain nombre de chèques payés par Moriarty : chèques bien innocents, bien quelconques, puisqu’ils avaient servi à régler des dépenses domestiques. Ils étaient au nom de six banques différentes. Cela ne vous impressionne pas ?