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considérable et placée en de fortes mains : alors que partout régnait la terreur, la farouche énergie d’un directeur américain, Josiah-H. Denn, y maintenait l’ordre et la discipline.

Le jour se levait ; les ouvriers se rendaient à leur travail ; le long du chemin noir, ils avançaient en file, seuls ou par groupes.

Mêlés à eux, Mac Murdo et Scanlan ne perdaient pas de vue le groupe qu’ils suivaient. Au-dessus de leurs têtes flottait un épais brouillard, que déchira soudain le cri aigu d’une sirène : c’était le signal annonçant que dix minutes plus tard les cages allaient descendre et la journée de travail commencer.

Au moment où ils arrivèrent devant le puits, un certain nombre de mineurs attendaient, battant la semelle et soufflant sur leurs doigts, car le froid était des plus âpres. Les étrangers se tenaient discrètement à l’écart, près du bâtiment de la machine. Scanlan et Mac Murdo grimpèrent sur un tas de scories, d’où ils embrassaient du regard toute la scène. Ils virent l’ingénieur, un grand Écossais barbu nommé Manzies, sortir du bâtiment et donner un coup de sifflet pour qu’on abaissât les cages. Au même instant, un jeune homme de haute taille, tout rasé, vif, et qui se dandinait en marchant, s’approcha du puits. Ses yeux rencontrèrent le petit groupe silencieux et immobile. Les cinq hommes avaient rabattu leur chapeau et relevé le col de leur vêtement pour masquer leur figure. Un pressentiment de