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Tout d’un coup, un soupçon la traversa :

« Montrez-moi la lettre que vous écriviez ?

— Je n’en ai pas le droit, Ettie. »

Le soupçon devint aussitôt une certitude.

« Je comprends, dit-elle. Vous écriviez à une femme. Peut-être à votre femme. Car, après tout, sais-je si vous n’êtes pas marié, vous qui êtes ici un l’inconnu pour tout le monde ?

— Je ne suis pas marié, Ettie. Je vous le jure. Je vous jure sur le Christ qu’il n’y a pour moi, ici-bas, d’autre femme que vous ! »

Il parlait avec tant de fièvre, et il était si pâle, qu’elle fut forcée de le croire.

« Alors, pourquoi me refuser cette lettre ?

— Ma chérie, j’ai juré de ne la montrer à personne. Et je ne voudrais pas trahir mon serment, de même que je ne voudrais pas manquer à la parole que je vous ai donnée. Ce qu’il y a là dedans, vous ne devez pas me le demander : c’est le secret de la loge. Ne comprenez-vous pas qu’en sentant une main sur moi j’ai pu craindre que ce ne fût celle d’un détective ? »

Sa parole avait l’accent de la vérité. Il attira Ettie sur son cœur, et par ses baisers il s’efforça de lui rendre le calme et la confiance.

« Asseyez-vous là, près de moi. Oh ! ce n’est pas le trône que mériterait une reine, c’est le moins indigne que puisse vous offrir votre amoureux. Un jour viendra où il aura mieux à vous donner, j’espère. Allons, vous voilà rassurée, n’est-ce pas ?