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sang un homme assez âgé pour être votre père ? Si ce n’est pas un crime, comment appelez-vous cela ?

— Certains vous diraient que c’est la guerre, répliqua Mac Murdo, la guerre de deux classes : chacune se sert de toutes ses armes et frappe aussi fort qu’elle peut.

— Eh bien, songiez-vous à une pareille chose quand, à Chicago, vous entriez chez les Hommes Libres ?

— Non, je l’avoue.

— Moi non plus, quand j’entrai chez eux à Philadelphie. Ils formaient un cercle de bienfaisance, où l’on se réunissait en camarades. J’entendis alors parler de Vermissa. Heure funeste où ce nom frappa pour la première fois mes oreilles ! Je vins ici dans l’espoir d’améliorer ma situation. Seigneur ! quand j’y pense ! Ma femme et mes trois enfants m’accompagnèrent. Je montai, sur la place du Marché, un commerce de nouveautés qui prospéra. On n’avait pas tardé à savoir que j’étais un Homme Libre. Je dus m’affilier à la loge locale, tout comme vous l’autre nuit. Ou m’imprima sur l’avant-bras la marque d’infamie, et, dans l’âme, un stigmate plus honteux encore. Je m’aperçus que j’étais sous les ordres d’un vil coquin, et pris dans le lacet du crime. Que faire ? Prononçais-je une parole de modération, on y voyait, comme la nuit dernière, une trahison. Pas moyen de fuir : tout ce que je possède, je l’ai mis dans mon