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n’ayant pas d’autres locataires, les laissait fort tranquilles, de sorte qu’ils pouvaient agir et parler à leur guise, chose agréable pour des hommes qui avaient des secrets communs. Shafter s’était radouci jusqu’à permettre à Mac Murdo de prendre chez lui ses repas ; ainsi, ses rapports avec Ettie n’étaient pas rompus ; au contraire, à mesure que les semaines passaient, ils devenaient plus étroits, plus intimes. Bientôt, Mac Murdo se sentit assez en sûreté dans son nouveau domicile pour y transporter les moules avec lesquels il fabriquait sa fausse monnaie ; plusieurs frères de la loge furent même, sous la foi des serments les plus solennels, admis à les voir, et chacun d’eux emporta quelques pièces, si habilement frappées qu’il n’y avait ni danger ni difficulté à les écouler. C’était un perpétuel mystère pour ses camarades qu’ayant un art si merveilleux entre les mains il condescendît à travailler ; quand on l’interrogeait là-dessus, il ne manquait point de répondre que, s’il vivait sans moyens avoués, il ne tarderait pas à éveiller les soupçons de la police.

Le fait est que déjà un policeman s’occupait de lui ; mais sa bonne chance le servit, et l’incident tourna, somme toute, à son avantage. Il passait à peu près toutes ses soirées dans l’établissement de Mac Ginty, où il apprenait à mieux connaître les « garçons », – comme se désignaient entre eux les sacripants qui infestaient la ville. Ses manières