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commencement. Le commencement serait trop long : vous l’avez tout entier dans ces feuilles. En définitive, il se résume à ceci, que certains hommes ont de bonnes raisons de me haïr, et qu’ils donneraient, pour me rattraper, tout ce qu’ils possèdent. Tant que je serai et tant qu’ils seront de ce monde, j’y chercherai vainement un asile. De Chicago, ils m’ont pourchassé en Californie ; ils m’ont forcé de fuir l’Amérique. Pourtant, après mon mariage, quand je me fus établi dans cette retraite, je crus que j’y coulerais en paix mes derniers jours. Jamais je ne m’ouvris de rien à ma femme. À quoi bon ? Elle en eût perdu le repos. J’imagine qu’elle soupçonnait quelque chose ; peut-être un mot m’échappait-il de temps à autre ; mais hier encore, au moment où vous l’avez vue, elle ne savait rien de précis. Tout ce qu’elle savait, tout ce que Mr. Barker savait de son côté, vous l’avez appris de leur bouche ; car je n’eus pas de temps à perdre en explications le soir du drame. À présent, ma femme est au courant de tout, et j’aurais sagement fait de le lui dire plus tôt. Mais il m’en coûtait, ma chère, et je croyais agir pour le mieux. »

Ainsi parlant, Douglas avait pris dans sa main la main de sa femme.

« La veille du jour où se produisit l’événement, j’étais à Tunbridge Wells quand, dans la rue, je vis brusquement un homme. Ou, plutôt, je l’entrevis, car il ne fit que passer ;