de son père. Mais l’amour n’est qu’un sentiment et tout ce qui est sentiment se trouve en opposition directe avec la froide raison, la seule chose à mon avis qu’on doive considérer en ce monde. Pour mon compte, je ne me marierai jamais, à moins que je ne perde tout à fait la tête.
— J’espère, dis-je en riant, que la mienne saura résister à cette épreuve. Mais vous avez l’air bien fatigué.
— Oui, c’est la réaction qui se produit. Pendant une semaine au moins, je vais me sentir mou comme une chique.
— C’est étrange, dis-je, comme ce que j’appellerais chez un autre de la paresse peut chez vous alterner avec des accès d’activité et de vigueur incroyables.
— Oui, répondit-il, il y a en moi l’étoffe d’un parfait fainéant, en même temps que celle d’un gaillard très énergique. Je pense souvent à ces vers de Gœthe :
Schade dass die Natur nur einen
Menschen aus dir schuf,
Denn zum würdigen Mann war
Und zum Schelmen der Stoff[1].
- ↑ Il est dommage que la nature n’ait créé en toi qu’un seul homme, car il y avait l’étoffe d’un honnête homme et d’un scélérat. »