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jim harrison, boxeur

Il avait la figure échauffée. Il était alourdi par le manque de sommeil et par le vin.

Cette vue me réjouit, car elle me prouva qu’il dormirait profondément et que ma tâche serait aisée.

J’avais encore les yeux fixés sur lui, quand soudain je le vis se dresser en sursaut avec une expression terrible sur ses traits.

Pendant un instant, mon cœur cessa de battre, car je craignis qu’il n’eût deviné d’une façon ou d’une autre ma présence.

Et alors, j’entendis à l’intérieur la voix de mon maître.

Je ne pouvais voir la porte par laquelle il était entré ni l’endroit de la chambre où il se trouvait, mais j’entendis tout ce qu’il était venu dire.

Comme je contemplais la figure rouge et pourpre du capitaine, je le vis devenir d’une pâleur livide quand il entendit les amers reproches où on lui disait son infamie.

Ma revanche m’en fut plus douce, bien plus douce que je ne me l’étais peinte dans mes rêves les plus charmants.

Je vis mon maître s’approcher de la table à toilette, présenter les papiers à la flamme de la chandelle, en jeter les débris noircis dans le foyer, puis jeter les pièces d’or dans un petit sac de toile brune.

Puis, comme il se retournait pour sortir, le capitaine le saisit par le poignet en le suppliant, en mémoire de leur mère, d’avoir pitié de lui. J’eus un regain d’affection pour mon maître en le voyant dégager sa manchette d’entre les doigts qui s’y cramponnaient et laisser là le misérable gredin étendu sur le sol.

Dès lors, il me restait un point difficile à décider. Valait-il mieux que je fisse ce que j’étais venu faire, ou bien était-il préférable, maintenant que j’étais