Page:Doyle - Jim Harrison, Boxeur, trad Savine, 1910.djvu/341

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
330
jim harrison, boxeur

— Non, non, laissez-le aller. Cela vaut tout autant, car j’ai déjà pris mon parti et reconnu que mon devoir envers vous, mon fils, l’emporte sur celui qui m’incombe envers mon frère et ma famille et dont je me suis acquitté au prix d’amères souffrances.

— Vous avez été injuste envers moi, Ned, si vous avez cru que je vous avais oublié ou que je vous avais jugé défavorablement. Si je vous ai jamais cru l’auteur de cet acte, et comment douter du témoignage de mes yeux, j’ai toujours pensé que cet acte avait été commis dans un moment d’égarement et que vous n’en aviez pas plus conscience qu’un somnambule n’en a de ce qu’il a fait.

— Que voulez-vous dire en parlant du témoignage de vos yeux ? dit Lord Avon en regardant fixement mon oncle.

— Ned, je vous ai vu dans cette nuit maudite.

— Vous m’avez vu ? Où ?

— Dans le corridor.

— Et qu’est-ce que je faisais ?

— Vous sortiez de la chambre de votre frère. J’ai entendu sa voix qui exprimait la colère et la douleur un court instant auparavant. Vous teniez à la main un sac d’argent et votre figure exprimait la plus vive agitation. Si vous pouvez seulement m’expliquer, Ned, de quelle façon vous êtes venu là, vous m’ôterez de dessus le cœur un poids qui s’est fait sentir sur lui, pendant toutes ces années.

Personne n’aurait reconnu, en ce moment-là, l’homme qui donnait le ton à tous les petits-maîtres de Londres.

En présence de cet ami d’autrefois, devant la scène tragique qui se jouait devant lui, le voile de trivialité et d’affectation venait de se déchirer et je sentais toute ma gratitude envers lui s’accroître et se changer en