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jim harrison, boxeur

manoir, se dressant parmi les vieux chênes qui l’entourent.

Cette vue, le renom de cette demeure ensanglantée, et hantée de fantômes, auraient suffi pour faire passer un frisson dans mes nerfs, mais lorsque les paroles de mon oncle me rappelèrent tout à coup que cette étrange invitation avait été adressée aux deux hommes qui avaient été mêlés à cette tragédie digne du temps passé, et que cet appel venait de mon compagnon de mes jeux d’enfant, je retins mon souffle, croyant voir se former le contour de je ne sais quel événement important qui se préparait sous nos yeux.

La grille rouillée, entre les deux colonnes croulantes et surmontées d’armoiries, s’ouvrit à deux battants.

Mon oncle, dans son impatience, cingla les juments pendant que nous volions sur l’avenue envahie par les herbes folles, et il finit par les arrêter brusquement devant les marches que le temps avait noircies de taches.

La porte d’entrée s’était ouverte et le petit Jim était là à nous attendre.

Mais combien ce petit Jim ressemblait peu à celui que j’avais connu et affectionné.

Il y avait quelque chose de changé en lui.

Ce changement était si évident que ce fut ce qui me frappa d’abord et il était si subtil que je ne pus trouver de mots pour le définir.

Ce n’était pas qu’il fût mieux habillé que jadis, car je reconnus le vieux costume brun qu’il portait.

Ce n’était pas qu’il eût l’air moins engageant, car son entraînement l’avait laissé tel qu’il pouvait passer pour le modèle de ce que devait être un homme.

Et pourtant ce changement était réel. C’était je ne sais quelle dignité dans l’expression, je ne sais quoi qui donnait de l’assurance à son attitude et qui par sa pré-