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jim harrison, boxeur

soudain en deux et, à travers l’espace vide, s’élança une troupe de bandits venus de l’autre bord. Tous étaient armés de cannes plombées et hurlaient :

— Franc jeu et vive Gloucester !

Leur élan résolu entraîna les gardes, les cordes du ring intérieur furent cassées comme des fils et en un instant, le ring devint le centre d’une masse tourbillonnante, bouillonnante de têtes, de fouets, de cannes s’abattant avec fracas, pendant que le forgeron et l’homme de l’Ouest, debout au milieu de cette cohue, restaient face-à-face, si serrés qu’ils ne pouvaient ni avancer ni reculer et ils continuaient à se battre sans faire attention au chaos qui faisait rage autour d’eux, pareils à deux bouledogues qui se tiendraient mutuellement par la gorge.

La pluie battante, les jurons, les cris de douleur, les ordres, les conseils lancés à tue-tête, l’odeur forte du drap mouillé, les moindres détails de cette scène, vue dans ma première jeunesse, tout cela me revient maintenant que je suis vieux, avec autant de netteté que si c’était d’hier. À ce moment, il ne nous était pas facile de faire des remarques, car nous nous trouvions, nous aussi, au milieu de cette foule enragée, qui nous portait de côté et d’autre et parfois nous soulevait de terre.

Nous faisions tout notre possible pour nous maintenir derrière Jackson et Berkeley Craven. Ceux-ci, malgré les bâtons et les cravaches qui se croisaient autour d’eux, continuaient à marquer les rounds, et à surveiller le combat.

— Le ring est forcé, cria de toute sa force Sir Lothian Hume. J’en appelle au juge. La lutte est nulle et sans résultat.

— Gredin ! s’écria mon oncle avec colère. C’est vous qui avez organisé cela.