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jim harrison, boxeur

— Je me battrais encore toute une semaine, dit Wilson, haletant.

— Que le diable m’emporte ! J’aime son genre, cria Sir John Lade. Il ne recule pas, il ne cède pas. Il ne cherche pas le corps à corps. Il ne boude pas. C’est une honte de le laisser se battre. Il faut l’emmener, le brave garçon.

— Qu’on l’emmène ! Qu’on l’emmène ! répétèrent des centaines de voix.

— Je ne veux pas qu’on m’emmène. Qui ose parler ainsi ? s’écria Wilson qui était revenu après une nouvelle chute sur les genoux de ses seconds.

— Il a trop de cœur pour crier assez, dit le général Fitzpatrick.

Puis s’adressant à Sir Lothian :

— Vous qui êtes son soutien, vous devriez demander qu’on jette l’éponge en l’air.

— Vous croyez qu’il ne peut vaincre ?

— Il est battu sans rémission, monsieur.

— Vous ne le connaissez pas. C’est un glouton de première force.

— Jamais homme plus endurant n’ôta sa chemise, mais l’autre est trop fort pour lui.

— Eh bien ! monsieur, je crois qu’il peut soutenir dix rounds de plus.

En parlant, il se retourna à demi et je le vis lever le bras gauche en l’air par un geste singulier.

— Coupez les cordes ! Qu’on joue franc jeu ! Attendez que la pluie cesse ! cria derrière moi une voix de stentor.

Je vis que c’était celle de l’homme de haute taille à l’habit vert-bouteille.

Son cri était un signal, car cent voix rauques partirent avec le bruit d’un brusque coup de tonnerre, hurlant ensemble :