Page:Doyle - Jim Harrison, Boxeur, trad Savine, 1910.djvu/287

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
276
jim harrison, boxeur

tombée qui est plus que la carrure un indice de force.

Il joignit les mains derrière la tête, les éleva, les agita derrière lui et, à chacun de ses mouvements, quelque nouvelle surface de peau blanche et lisse se bombait, se couvrait de saillies musculaires pendant qu’un cri d’admiration et de ravissement de la foule accueillait chacune de ces exhibitions.

Puis, croisant de nouveau ses bras, il resta immobile comme une belle statue en attendant son adversaire.

Sir Lothian Hume, l’air impatient, était resté les yeux fixés sur sa montre, il la referma d’un coup sec et triomphant.

— Le temps est écoulé, s’écria-t-il. Le match est forfait.

— Le temps n’est point écoulé, dit Craven.

— J’ai encore cinq minutes, dit mon oncle en jetant autour de lui un regard désespéré.

— Seulement trois, Tregellis.

— Où est votre champion, Sir Charles ? Où est l’homme pour qui nous avons parié ?

Et des figures échauffées se tendaient déjà l’une sur l’autre. Des regards irrités se portaient sur nous.

— Plus qu’une minute. J’en suis bien fâché, Tregellis, mais je serai contraint de déclarer le forfait contre vous.

Il y eut un remous soudain dans la foule, une poussée, un cri, et de loin, un vieux chapeau noir lancé en l’air par-dessus les têtes des spectateurs du ring, vint rouler dans l’enceinte des cordes.

— Sauvés, grand Dieu ! hurla Belcher.

— Je crois bien cette fois que c’est mon homme, dit mon oncle d’un ton calme.

— Trop tard ! s’écria sir Lothian.

— Non, répliqua le juge, il s’en faut de vingt secondes. Maintenant la lutte peut avoir lieu.