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jim harrison, boxeur

Cependant le maître d’hôtel attiré par les acclamations accourait à notre rencontre.

— Bonsoir, Sir Charles, s’écria-t-il. Vous allez bien, j’espère ? Et vous reconnaîtrez, j’en suis sûr, que votre champion fait honneur au Georges.

— Comment va-t-il ? demanda vivement mon oncle.

— Il ne saurait aller mieux, Monsieur. Il est aussi beau qu’une peinture. Oui, il est en état de gagner un royaume à la lutte.

Mon oncle eut un soupir de soulagement.

— Où est-il ? demanda-t-il.

— Il est rentré de bonne heure dans sa chambre, monsieur, car il avait une affaire toute particulière pour demain, dit le maître d’hôtel avec un gros rire.

— Où est Belcher ?

— Le voici dans le salon du bar.

En disant ces mots, il ouvrit la porte.

Nous y jetâmes un coup d’œil et nous vîmes une vingtaine d’hommes bien mis, parmi lesquels je reconnus plusieurs figures qui m’étaient devenues familières pendant ma courte carrière au West-End.

Ils étaient assis autour d’une table sur laquelle fumait une soupière pleine de punch.

À l’autre bout, installé très à son aise, parmi les aristocrates et les dandys qui l’entouraient, était assis le champion de l’Angleterre, le magnifique athlète, renversé sur sa chaise, un foulard rouge négligemment noué autour du cou, de la façon pittoresque à laquelle son nom fut longtemps attaché.

Plus d’un demi-siècle s’est écoulé et j’ai vu ma part de beaux hommes.

Peut-être cela tient-il à ce que je suis moi-même d’assez petite taille, mais c’est un des traits de mon caractère de trouver plus de plaisir à la vue d’un bel