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jim harrison, boxeur

— Tout cela est fort bien, Rodney, me dit-il en me regardant fixement dans les yeux. Mais, qu’est-ce que votre oncle en pense ?

Cette question était une colle.

Je dus me borner à répondre d’un ton mal assuré que, si redevable que je fusse envers mon oncle, j’avais tout d’abord connu Jim et qu’assurément j’étais assez grand pour choisir mes amis.

Les doutes de Jim étaient fondés jusqu’à un certain point. Mon oncle s’opposait très nettement à ce qu’il y eût entre nous la moindre intimité. Mais comme il trouvait bon nombre d’autres choses à désapprouver dans ma conduite, celle-là perdait de son importance.

Je crains de lui avoir causé bien des désappointements.

Je n’avais inventé aucune excentricité, bien qu’il eût eu la bonté de m’en indiquer plusieurs, au moyen desquelles je parviendrais à « sortir de l’ornière », selon son expression, et à m’imposer à l’attention du monde étrange au milieu duquel il vivait.

— Vous êtes un jeune gaillard des plus agiles, mon neveu. Ne vous croyez-vous pas capable de faire le tour d’une chambre en sautant d’un meuble sur l’autre sans toucher le parquet ? Un petit tour de force dans ce genre, serait extrêmement goûté. Il y avait un capitaine des gardes qui est arrivé à se faire un grand succès dans la société en pariant une petite somme qu’il le ferait. Madame Liéven, qui est extrêmement exigeante, l’invitait fréquemment à ses soirées rien que pour qu’il pût s’exhiber.

Je lui affirmai que je me sentais incapable de cet exploit.

— Vous êtes tout de même un peu difficile, dit-il en haussant les épaules. Étant mon neveu, vous auriez pu