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jim harrison, boxeur

un croiseur. Je vais même jusqu’à dire que quand on est capable d’accomplir avec succès ces tâches, on mérite mieux de son pays que l’officier du vaisseau de ligne, qui fait le va et vient entre Ouessant et les Roches Noires, assez longtemps pour construire un récif avec la masse de ses os de bœuf.

— Monsieur, dit le colérique vieux marin, un officier comme ça ne court pas du moins le risque d’être pris pour un corsaire.

— Je suis surpris, capitaine Bulkeley, répliqua avec vivacité Cochrane, que vous alliez jusqu’à mettre ensemble les termes de corsaire et d’officier du roi.

Les choses tournaient à l’orage entre ces loups de mer aux têtes chaudes, aux propos laconiques, mais le capitaine Foley para au danger en portant la discussion sur les nouveaux vaisseaux que l’on construisait dans les ports de France.

Je prenais grand intérêt à écouter ces hommes, qui passaient leur vie à combattre nos voisins, à en discuter le caractère et les méthodes.

Vous qui vivez en des temps de paix et d’entente cordiale, vous ne sauriez vous imaginer avec quelle rage l’Angleterre haïssait alors la France, et par-dessus tout son grand chef.

C’était plus qu’un simple préjugé, qu’une antipathie.

C’était une aversion profonde, agressive, dont vous pouvez encore aujourd’hui vous faire quelque idée en jetant les yeux sur les journaux et les caricatures de l’époque.

Le mot de Français n’était guère prononcé que précédé de l’épithète coquin ou canaille.

Dans tous les rangs de la société, dans toutes les parties du pays, ce sentiment était le même.

Et les soldats de marine, qui étaient à bord de nos