Page:Doyle - Jim Harrison, Boxeur, trad Savine, 1910.djvu/176

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
165
jim harrison, boxeur

Je pressentais en quelque sorte l’événement qui devait arriver quelques mois plus tard, cette balle de raquette dont le choc lui fit perdre pour toujours la vue d’un côté.

Mais, avec son cœur fier, il ne se laissa pas arracher son titre sans lutte.

Aujourd’hui encore, vous pouvez lire le détail de ce combat où le vaillant champion, n’ayant qu’un œil et mis ainsi hors d’état de juger exactement la distance, lutta pendant trente-cinq minutes contre son jeune et formidable adversaire, et alors, dans l’amertume de sa défaite, on l’entendit exprimer son chagrin au sujet de l’ami qui l’avait soutenu de toute sa fortune.

Si à cette lecture, vous n’êtes pas ému, c’est qu’il doit manquer en vous certaine chose indispensable pour faire de vous un homme.

Mais, s’il n’y avait autour de la table aucun homme capable de tenir tête à Jackson ou à Jem Belcher, il y en avait d’autres d’une race, d’un type différents, possédant des qualités qui faisaient d’eux de dangereux boxeurs.

Un peu plus loin dans la pièce, j’aperçus la face noire et la tête crépue de Bill Richmond portant la livrée rouge et or de valet de pied.

Il était destiné à être le prédécesseur des Molineaux, des Sutton, de toute cette série de boxeurs noirs qui ont fait preuve de cette vigueur de muscle, de cette insensibilité à la douleur qui caractérisent l’Africain et lui assurent un avantage tout particulier, dans le sport du ring. Il pouvait aussi se glorifier d’avoir été le premier Américain de naissance qui eût conquis des lauriers sur le ring anglais.

Je vis aussi la figure aux traits fins de Dan Mendoza le juif, qui venait alors de quitter la vie active.