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jim harrison, boxeur

L’aménagement en était primitif autant qu’il le fallait pour satisfaire le bohémien le plus accompli.

Une des modes les plus curieuses, qui aient disparu maintenant, voulait que les gens, blasés sur le luxe et la haute vie, eussent l’air de trouver un plaisir piquant à descendre jusqu’aux degrés les plus bas de l’échelle sociale.

Aussi, les maisons de nuit et les tapis francs de Covent-Garden et de Haymarket réunissaient-ils souvent sous leurs voûtes enfumées une illustre compagnie.

C’était pour ces gens-là un changement que de tourner le dos à la cuisine de Weltjie ou d’Ude, au chambertin du vieux Q… pour aller dîner dans une maison où se réunissaient des commissionnaires pour y manger une tranche de bœuf et la faire descendre au moyen d’une pinte d’ale bue à la cruche d’étain.

Une foule grossière s’était amassée dans la rue pour voir entrer les champions.

Mon oncle m’avertit de surveiller mes poches pendant que nous la traversions.

À l’intérieur était une pièce tendue de rideaux d’un rouge d’étain, au sol sablé, aux murs garnis de gravures représentant des scènes de pugilat et des courses de chevaux. Des tables aux taches brunes, produites par les liqueurs, étaient disposées çà et là.

Autour d’une d’elles, une demi-douzaine de gaillards à l’aspect formidable étaient assis, tandis que l’un d’eux, celui qui avait l’air le plus brutal, y était perché balançant les jambes. Devant eux était un plateau chargé de petits verres et de pots d’étain.

— Les amis avaient soif, monsieur, aussi leur ai-je apporté un peu d’ale, de délie-langues, dit à demi-voix l’hôtelier. J’espère que vous n’y trouverez pas d’inconvénient.