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jim harrison, boxeur

traits de sa femme quand elle se tourna de notre côté.

— Nous sommes sur la petite route qui va de Godstone à Warlingham, dit mon oncle. Il aura jugé, à ce qu’il me semble, qu’il gagnerait du temps à quitter la route des voitures de maraîchers. Mais nous, nous avons une maudite colline à doubler. Vous aurez de quoi vous distraire, mon neveu, si je ne me trompe.

Pendant qu’il parlait, je vis tout à coup disparaître les roues du four-in-hand, puis ce fut le corps, puis les deux personnes placées sur le siège et cela aussi brusquement, aussi promptement que s’ils avaient rebondi sur trois marches d’un gigantesque escalier.

Un moment après nous étions arrivés au même endroit.

La route s’étendait en bas de nous, raide, étroite, descendant en longs crochets dans la vallée. Le four-in-hand dégringolait par-là de toute la vitesse de ses chevaux.

— Je m’en doutais, s’écria mon oncle, puisqu’il n’use pas de serre-frein, pourquoi en userais-je ? À présent, mes chéries, un bon coup de collier et nous allons leur montrer la couleur de notre arrière-train.

Nous passâmes par-dessus la crête et descendîmes à une allure enragée la côte où la grosse voiture rouge roulait devant nous avec un bruit de tonnerre.

Nous étions déjà dans son nuage de poussière, si bien que nous pouvions à peine distinguer dans le centre une tache d’un rouge sale qui se balançait en roulant, mais dont le contour devenait de plus en plus net à chaque foulée.

Nous entendions aisément le claquement du fouet en avant de nous, ainsi que la voix perçante de Lady Lade qui encourageait les chevaux.

Mon oncle était très calme, mais un coup d’œil de côté