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la mort de mon frère sur un homme qu’elle affectait autant que moi-même ? Puis, à mesure que je reprenais mes esprits, j’en venais à me rendre compte que je ne pouvais rien faire contre MacCoy qui ne retombât sur ma mère et sur moi. Comment accabler cet homme sans rendre publique la honte de mon frère, ce qu’avant tout je voulais éviter ? Aussi bien notre intérêt nous commandait-il de jeter un voile sur l’affaire : en sorte que moi, le vengeur, je conspirai contre la justice ! L’endroit où nous nous trouvions était un de ces parcs à faisans comme il y en a tant en Angleterre. Tandis que nous nous y frayions un chemin, je discutais avec le meurtrier de mon frère les moyens de prévenir un scandale !

« Il eut vite fait de me convaincre que, si mon frère n’avait pas dans ses poches des papiers que nous ignorions, la police ne pouvait ni l’identifier ni expliquer sa présence dans le train. Son billet était dans la poche de MacCoy, avec la feuille de bagages. Comme la plupart des Américains, il avait trouvé plus avantageux de se faire un trousseau à Londres que d’en apporter un d’Amérique ; son linge et ses vêtements étaient donc neufs et sans marques. Le sac contenant le cache-poussière, quand je le lançai par la fenêtre, alla peut-être tomber dans un fourré où des ronces le cachent encore ; peut-être quelque vagabond l’aura-t-il ramassé ; peut-être aussi la police, l’ayant découvert, n’en aura-t-elle parlé à personne. En tout cas, je n’ai rien vu à ce sujet dans les journaux de Londres. Quant aux montres, elles constituaient un assortiment d’échantillons pour la


COMME, EN TOMBANT, IL S’ÉTAIT TORDU LA CHEVILLE, NOUS RESTIONS LÀ TOUS LES DEUX (p. 29)