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LAMARTINE.

fait depuis mou voyage en Orient et mes incursions dans l’histoire un grand travail de renouvellement eu moi ». Ce grand travail consiste justement pour lui à faire tomber toutes les barrières, barrières entre les croyances, entre les constitutions, entre les peuples : plus « le séparations, plus de limites, l’unité réalisée par l’atténuation des angles, par l’effacement des contours, par l’évanouissement des affirmations trop nettes et trop précises ! Telle était, au moment où il écrit la Chute d’un ange, la philosophie du poète.

Si Jocelyn était une partie moderne de son grand poème, celle-ci nous ramène loin en arrière, à la période antédiluvienne. Il est dit dans la Genèse : « Il arriva que les enfants de Dieu, voyant que les filles des hommes étaient belles, prirent pour femmes celles d’entre elles qui leur plurent ». C’est justement ce que va faire l’ange dont Lamartine nous conte la chute ; car c’est là précisément pour un ange faire la bête. L’ange Cédar s’est détourné des merveilles divines vers cette autre merveille qui lui a paru plus belle : le corps de la femme. Désormais il va être condamné à souffrir de toutes Les misères de la condition humaine. À ce prix, il pourra, par une série d’expiations, remonter à sa nature première.

Donc Cédar est un ange. On s’occupait beaucoup des anges vers 1820, et surtout de leurs amours. Un des poèmes de Byron est intitulé Ciel et Terre (1820) et son ami Thomas Moore, que connaissait Lamar-