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manière champêtre ne se distingue pas essentiellement de la manière socialiste. La différence n’est que dans le succès de l’exécution ; mais les idées et les intentions y sont les mêmes. George Sand y continue la même propagande ; elle y prolonge son rêve humanitaire — son rêve de dormeuse éveillée.

La preuve en est dans cet avertissement de « l’auteur au lecteur », par où débute la Mare au Diable, si déconcertant pour qui ne replacerait pas ces pages dans l’atmosphère intellectuelle où elles ont été écrites !

On s’est demandé pourquoi et par quel caprice d’imagination, George Sand, en tête d’un récit de robuste et saine vie aux champs, a évoqué cette vision de la danse macabre d’Holbein : une fin de journée, un attelage maigre, exténué, un vieux paysan, et, dans le sillon, gambadant près de l’attelage, la Mort, seul être allègre et ingambe dans cette scène de « sueur et usaige ». Mais elle l’a elle-même nettement indiqué. Elle voulait opposer au vieil idéal que traduit la danse macabre, l’idéal des temps nouveaux. « Nous n’avons plus