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LES DERNIERS MOIS

maistre) no fut iamaia en ce monde sans griefues afflictions, nous ne nous deuons pas esbahiren icelles, ains plustost consoler, scachant que par icelles Dieu nous apprend à le reclamer, et désirer son céleste repaire et contemner ce monde auec ses mondanités.

Fay pris playstr d’ouir les phantaisies
De ceux qui sont en ce mortel repaire.
Fay mis mon soing, vng temps, aux hérésies [1]
Et faux propos du poure populaire ;
Fay voulu veoir la coustume défaire
De ceulx qui trop sont au monde asseruis ;
D’aullre costé, i’ay eu mes sens rauis.
Pour vrayement la manière comprendre
Des vrais heureux, de tous biens assouuis
Sans rien auoir, et quon ne peut reprendre…

Or en Iesus nul au vray ne se fie,
Sinon celuy qui soies son bras puissant
En tous endroits s’abiette et humilie,
Et qui de tout se va resiouissant ;
Celuy qui va le Seigneur bénissant,
Pour quelque bien ou mal qui luy suruienne,
Certainement est digne quon le tienne
(Ayant lafoy qui seule iustijie)
Esire de ceulx que ce bon capitaine
A enrôliez en son Hure de vie…

Puisque nauons aidcune affliction,
Mal, ni ennuy, dont maint mortel sestonne,
Sans le vouloir et la permission
Du Souuerain, qui en ce poinct l’ordonne,
le nommeray heureuse la personne,
Celle qui est au ioug d aduersité,
Qui soujfre ennuy, mal ou perplexité,
Et qui du monde est pour nulle tenue ;
Car c’est vng signe et marque, en verilé.
Que le Seigneur pour sienne l’a esleuc.

Ne soit donc plus la personne troublée
Pour quelque mal qui luy vienne en sa vie ;

  1. L’herésie est ici le catholicisme, de même que les faux propos du pauvre populaire.