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Quand on revint à lui avec du monde dans la grande chaloupe, Moïse avait de l’eau et des glaçons jusqu’aux épaules. Il chantait dans son supplice sa chanson de mort, comme les anciens torturés par les Iroquois :

Misère et mort, je vous défie !
Vous saurez que je suis Joessin,
Je m’ennuierai moins de la vie,
Si vous m’abrégez mon chemin,
N’ayez crainte, car je suis brave,
Et je me ris de tout vos coups,
J’aime autant la bonne eau qui lave,
Qu’un cimetière avec ses trous !

Puis l’on s’était séparé sur le souvenir de Moïse disparu qui avait, sa vie durant, redoublé la grande force de son corps par la vigueur sans limite de son âme.

Il fallait bien se l’avouer, le défunt n’avait toujours méprisé le monde que pour la lâcheté