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LA RELIGION DES CELTES

βάρδους et qui chantent la louange et le brime en s’accompagnant sur des instruments semblables aux lyres ; ils ont des philosophes et des théologiens très honorés qu’ils appellent druides : φιλόσοφοί τε τινές εἰσι καὶ θεολόγοι περιττῶς τιμώμενοι οὓς Δρουίδας ὀνομάζουσι. Ils ont aussi des devins, χρῶνται δὲ καὶ μάντεσιν, qui sont en grande vénération[1]. Strabon mentionne que chez tous les peuples celtiques presque sans exception se retrouvent trois classes d’hommes qui sont l’objet d’honneurs extraordinaires, à savoir : les bardes βάρδοι, les vates οὐάτεις et les druides δρυίδαι[2]. César ne nous parle que des druides druidæ[3].

Les noms de barde et de druide sont conservés dans les langues celtiques. L’ancienne Irlande connaissait trois ordres de lettrés : les bardes, bard, les druides drui, druad, et les filé. Ces derniers qui sont à la fois devins, juges et poètes étaient répartis en diverses classes d’après le nombre d’histoires épiques qu’ils pouvaient raconter[4]. Les noms de barde et de druide n’ont pas trouvé une explication satisfaisante dans les langues celtiques. Il est probable que les auteurs grecs qui écrivent δρυίδαι ont transcrit le nom latin druidæ. L’étymologie par le grec δρῦς, chêne, qui faisait des druides « les hommes des chênes » a tenté bien des écrivains depuis Pline l’ancien[5]. On pourrait songer à une traduction ou une étymologie populaire grecque d’un nom celtique ignoré si le mot drui n’apparaissait pas dans les textes les plus anciens de la littérature irlandaise. Il est probable que le drasidæ d’Ammien Marcellin repose sur une mauvaise lecture. Chez les historiens de l’Histoire Auguste, l’étymologie grecque de druide est si bien passée

  1. Bibliothèque, v, 31.
  2. Géographie, iv, 4, 4.
  3. De bello gallico, vi, 13.
  4. Revue de synthèse historique, t. III, p. 66.
  5. Histoire naturelle, xvi, 95.