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LA RELIGION DES CELTES

attachée par les oreilles ; les liens dont il se sert sont de petites chaînes d’or et d’ambre, d’un travail délicat et semblables à des colliers de la plus grande beauté. Malgré la faiblesse de leurs chaînes, ces captifs ne cherchent point à prendre la fuite, quoiqu’ils le puissent aisément, et loin de faire aucune résistance, de roidir les pieds, de se renverser en arrière, ils suivent avec joie celui qui les guide ; ils le comblent d’éloges ; ils s’empressent de l’atteindre ; ils voudraient même le devancer et par cette ardeur ils relâchent leur chaîne ; on dirait qu’ils seraient fâchés de recouvrer leur liberté. Ce qu’il y a de plus bizarre dans cette peinture, c’est que l’artiste, ne sachant où attacher le bout des chaînes, car la main droite du héros tient rune massue, la gauche un arc, a imaginé de percer l’extrémité de la langue du dieu et de faire attirer par elle tous ces hommes qui le suivent. Héraclès, le visage tourné vers eux, les conduit avec un gracieux sourire[1]. » Nous retrouvons le dieu Ogmios dans la littérature épique de l’Irlande, en la personne d’Ogmé, un des champions des Tuatha Dê Danann, dont l’épithète ordinaire est grian-ainech, « à la face du soleil » l’inventeur de l’écriture oghamique[2]. Le texte de Lucien nous donne un exemple intéressant de la méthode suivie dans l’assimilation des dieux celtiques aux dieux étrangers. Ces assimilations sont semble-t-il, encore plus superficielles qu’on ne le pouvait supposer. Un dieu grec s’appelle Héraclès ; c’est le dieu de la force virile ; on le représente d’ordinaire sous la forme d’un homme fort, barbu ou imberbe, tantôt assis avec une expression de lassitude ou de courage satisfait, tantôt debout, animé d’un mouvement impétueux, appuyé sur la massue, la peau de lion drapée sur le bras gauche. Un dieu des Celtes s’appelle Ogmios ; c’est le dieu de l’élo-

  1. Héraklès, i-3.
  2. Zeuss, Grammatica celtica, 2e éd., p. i note.