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de la poésie, des soupirs, des amours ; — eh bien, je vous procurerai des vers, je vous procurerai tout ; il y a là des poésies copiées sur un cahier.

Je vis bien, ne vous inquiétez pas de moi, je vous prie, matotchka. Tout ce que Fédora vous a débité sur mon compte est absurde. Vous lui direz qu’elle a menti, ne manquez pas de lui dire cela, à cette cancanière !… Je n’ai pas le moins du monde vendu mon uniforme neuf. D’ailleurs, pourquoi, jugez-en vous-même, pourquoi l’aurais-je vendu ? Je vais, dit-on, toucher une gratification de quarante roubles argent, pourquoi dès lors me déferais-je de mes effets ? Ne vous inquiétez pas, matotchka ; — elle se fait des idées, Fédora, elle est soupçonneuse. Nous vivons à notre aise, ma chère ! seulement guérissez-vous, mon petit ange, pour l’amour de Dieu, guérissez-vous, ne désolez pas un vieillard. Qui est-ce qui vous a dit que j’avais maigri ? C’est une calomnie, encore une calomnie ! Je me porte à merveille, et j’ai tellement engraissé que je commence à en être honteux ; j’ai tout à discrétion, je suis gorgé : seulement, voilà, il faudrait que vous vous rétablissiez !