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pas sans récompense, et la vertu sera toujours couronnée par la justice divine, tôt ou tard. Matotchka, j’aurais bien des choses à vous écrire ; je vous écrirais à toute heure, à toute minute, je vous écrirais toujours ! J’ai encore chez moi un livre à vous, les Nouvelles de Bielkine ; eh bien, vous savez, matotchka, laissez-le-moi, faites-m’en cadeau, ma chérie. Ce n’est pas que j’aie si grande envie de le lire. Mais, vous le savez vous-même, matotchka, l’hiver approche ; les soirées seront longues, je serai triste ; eh bien, voilà, je lirais cela, matotchka. Je vais déménager et je m’installerai dans votre ancien logement que je louerai à Fédora. Pour rien au monde maintenant je ne me séparerai de cette honnête femme ; d’ailleurs, elle est si laborieuse ! Hier j’ai visité en détail le logement que vous avez quitté. Votre petit métier et la broderie qui est dessus sont restés à la même place, on n’y a pas touché, ils sont dans le coin. J’ai examiné votre broderie. Vous avez aussi laissé là divers chiffons. Dans le tiroir de votre table j’ai trouvé quelques feuilles de papier ; sur l’une d’elles est écrit : — « Monsieur Makar Alexéiévitch, je m’empresse » — rien de plus. Évidemment