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prient dans la maison de Dieu !... Ah ! que mon enfance a été heureuse !... Voilà qu’entraînée par mes souvenirs je viens de pleurer comme un enfant. J’ai retrouvé si vivantes dans ma mémoire toutes les choses d’autrefois, tout le passé m’est apparu si radieux, tandis que le présent est si trouble, si obscur ! Comment cela finira-t-il ? Quelle sera la fin de tout cela ? Savez-vous, j’ai comme la conviction, la certitude que je mourrai cet automne. Je suis malade, très-malade. Je pense souvent que je mourrai, mais je ne voudrais pas mourir ainsi, — être enterrée ici. Peut-être que je devrai m’aliter encore comme au printemps dernier ; je me ressens encore de la maladie que j’ai faite à cette époque. Tenez, en ce moment même, je suis fort souffrante. Fédora est sortie aujourd’hui pour toute la journée, et je suis seule à la maison. Or, depuis un certain temps, j’ai peur de rester seule ; il me semble toujours qu’un autre est avec moi dans la chambre, que quelqu’un me parle ; c’est surtout quand je m’enfonce dans quelque rêverie, tout d’un coup je me réveille effrayée. Voilà pourquoi je vous ai écrit une si longue lettre ; quand j’écris, cela se passe. Adieu ; je ne peux plus continuer, car le