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cœur et les idées. Eh bien, maintenant, me sentant persécuté ; humilié par le sort, j’ai cessé de croire à ma dignité personnelle, et mon moral a faibli sous le coup de l’adversité. À présent que vous savez tout, matotchka, je vous supplie avec larmes de ne plus me questionner sur ce sujet, car mon cœur est déchiré, et j’éprouve une amère souffrance. Je vous assure de mon respect, matotchka, et reste votre dévoué

MAKAR DIÉVOUCHKINE.

3 septembre.

J’ai laissé ma dernière lettre inachevée, Makar Alexéiévitch, parce qu’il m’était pénible d’écrire. Parfois il y a des moments où je suis bien aise d’être seule, de me chagriner à loisir, de m’abandonner sans partage à la tristesse, et ces moments commencent à être de plus en plus fréquents. Dans mes souvenirs il y a quelque chose de fort inexplicable pour moi, quelque chose qui m’absorbe si puissamment, que durant plusieurs heures je reste indifférente à tout ce qui m’entoure, oublieuse de tous les objets présents. Et dans ma vie actuelle il n’est pas