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son droit ; il faut apprendre à vivre aux gens, il faut leur laver la tête ; car — entre nous soit dit, Varinka, — nous autres, pour travailler, nous avons besoin d’être chapitrés d’importance. Chacun de nous se soucie seulement de faire acte de présence ; quant à la besogne, il la laisse de côté. Mais comme il y a divers degrés dans la hiérarchie bureaucratique, et que chaque employé demande à être réprimandé d’une façon conforme à son rang, il est naturel, par suite, que le ton de la réprimande varie suivant le tchin ; — c’est dans l’ordre des choses ! D’ailleurs, pour que le monde subsiste, il faut, matotchka, que chacun de nous impose à son subordonné ; que tous, du haut en bas, nous nous flanquions des savons les uns aux autres. Sans cette précaution, le monde ne subsisterait pas, il n’y aurait pas d’ordre. En vérité, je m’étonne que Fédor Fédorovitch ait fermé les yeux sur une pareille offense ! Et pourquoi écrire ces choses-là ? À quoi peuvent-elles servir ? Est-ce qu’un des lecteurs de ce livre me fera faire un manteau ? Est-ce qu’il m’achètera des bottes neuves ? — Non, Varinka, il lira l’histoire jusqu’au bout, et il