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ture ! C’est mon bourreau… Il est allé chercher des soukhars… Lisa !…

Et tout à coup je fondis en larmes. C’était une crise. Que j’avais honte de ma faiblesse ! Mais j’étais incapable de me dominer.

Elle s’effraya.

― Mais qu’avez-vous ? qu’avez-vous donc ? ― disait-elle en s’agitant autour de moi.

― De l’eau !… donne-moi de l’eau… ― balbutiai-je à voix basse. (J’avais très-nettement conscience que cette eau me serait tout à fait inutile, et que rien ne m’obligeait à balbutier à voix basse.) ― C’est par là… (Quoique la crise fût réelle, je peux dire que je jouais la comédie pour sauver les apparences.)

Elle me donna de l’eau. Elle était comme éperdue. ― En ce moment Apollon apporta le thé, et il me sembla que ce thé banal et prosaïque était une chose terriblement inconvenante et misérable après tout ce qui venait de se passer, et je rougis. Lisa considérait Apollon avec un air craintif. Quant à lui, il sortit sans nous regarder.

― Lisa, tu me méprises… ― dis-je en la re-