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mon cœur se glace rien que d’y penser ; portez vos regards, pour commencer, sur maman ou sur la fenêtre…

« Voilà que je vous ai écrit une lettre d’amour ; mon Dieu, qu’ai-je fait ? Aliocha, ne me méprisez pas ; si j’ai mal agi et que je vous peine, excusez-moi. Maintenant, le sort de ma réputation, peut-être perdue, est entre vos mains.

« Je pleurerai pour sûr aujourd’hui. Au revoir, jusqu’à cette entrevue terrible…

« Lise. »

« P.S. — Aliocha, ne manquez pas de venir, n’y manquez pas ! Lise. »

Aliocha lut deux fois cette lettre avec surprise, demeura songeur, puis rit doucement de plaisir. Il tressaillit, ce rire lui paraissait coupable. Mais, au bout d’un instant, il eut le même rire heureux. Il remit la lettre dans l’enveloppe, fit un signe de croix et se coucha. Son âme avait retrouvé le calme. « Seigneur, pardonne-leur à tous, protège ces malheureux et ces agités, guide-les, maintiens-les dans la bonne voie. Toi qui es l’Amour, accorde-leur à tous la joie ! » Et Aliocha s’endormit d’un sommeil paisible.