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ces affreux jours de bagne ! En un mot, je me séparai de mes camarades aussitôt que j’eus ma liberté. Il restait deux ou trois hommes que je saluais encore, quand je les rencontrais. De ce nombre était Simonov, que rien ne distinguait à l’école, qui était d’humeur égale et tranquille, mais en lui j’avais remarqué une certaine indépendance de caractère, et même de l’honnêteté. J’avais passé avec lui de bons moments, mais brefs. Il était évident que ces souvenirs le gênaient, et il semblait craindre que je ne retombasse dans l’ancien ton. Je le soupçonnais de ressentir pour moi du dégoût, mais n’en étant pas certain, j’allais quand même chez lui.

Mais un jeudi, n’ayant pu supporter mon isolement, et sachant que le jeudi la porte d’Anton Antonitch était fermée, je me rappelai Simonov. En montant jusqu’au quatrième, je pensai justement que ce monsieur était las de moi et que j’y allais inutilement. Mais il arrivait toujours que de pareilles considérations, comme un fait exprès, m’engageaient davantage à me fourrer dans une situation équivoque. J’entrai. Il y avait presque un an que je n’avais vu Simonov.