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tion pour huit jours. Mais l’homme, où ira-t-il ? Du moins, on remarque chaque fois quelque chose de bizarre en lui, au moment d’atteindre son but. Il aime le moyen d’atteindre mais il ne peut pas atteindre tout à fait. Ceci certainement est ridicule. En un mot, l’homme est un drôle d’être. Il y a évidemment dans tout ceci quelque calembour. Mais deux fois deux font quatre, c’est une chose bien désagréable. Deux fois deux font quatre ! Mais selon moi, monsieur, c’est une impertinence. Deux fois deux fois quatre a l’air d’un insolent, qui se tient au milieu de votre chemin, les poings sur les hanches et crache sur vous. J’en conviens, deux fois deux font quatre est une chose excellente ; mais à en faire les louanges, eh bien ! deux fois deux font cinq est quelquefois bien gentil.

Pourquoi donc êtes-vous persuadés avec tant d’assurance, et si solennellement, que l’homme n’a besoin que de ce qui est normal et positif, que la prospérité seule soit avantageuse à l’homme ? La raison ne ferait-elle pas erreur sur les avantages ? Il se peut que l’homme n’aime pas que la prospérité ? Peut-être aime-t-il tout autant la souffrance ? Peut-être la souffrance lui est-elle aussi avantageuse que la prospérité ? Mais l’homme aime beaucoup la souffrance, passionnément, c’est un fait. Ici, il est inutile de recourir à l histoire universelle. Demandez-le à vous-même, si vous êtes un homme et si vous avez tant soit peu vécu. Quant à moi, je trouve