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sérable, un voleur ; entends-tu, propre-à-rien, beau prince, un voleur !

— Non, frère, riposta Zimoveikine, sans perdre un grain de son sang-froid ; sage Prokhartchine, tu n’agis pas comme il faut — et, jetant autour de lui un regard satisfait, il poursuivit : — et puis, pas d’histoires, n’est-ce pas ? Je te conseille de céder si tu ne veux pas que je te démasque, que je raconte tout, entends-tu ?

Sémione Ivanovitch sembla vivement frappé de ces paroles : il tressaillit et se mit à promener autour de lui des regards effarés. Enchanté de son effet, M. Zimoveikine allait continuer quand Marc Ivanovitch devança son zèle et, voyant Sémione Ivanovitch un peu remis, il lui fit observer que la culture de semblables conceptions était, pour le moment, non seulement inutile, mais encore nuisible, non seulement nuisible, mais absolument immorale, que c’était faire tort aux autres et leur donner le plus funeste exemple. Tous attendaient le meilleur résultat de cette homélie, d’autant plus que Sémione Ivanovitch, tout à fait calme, maintenant, y répondit avec modération. Une courtoise discussion s’engagea. Avec un fraternel intérêt on s’enquérait auprès de Sémione Ivanovitch de ce qui avait pu l’effrayer pareillement. Il répondit, mais fort évasivement ; on insista, il répliqua ; chacun des deux partis reprit encore une fois la parole et puis tout le monde s’en mêla et la conversation prit un tour