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tivement écouté tout ce qui précède, ils décidèrent que Prokhartchine ne pouvait pas être loin et qu’il ne tarderait pas à revenir. Ils savaient d’ailleurs depuis longtemps que Prokhartchine fréquentait ce mendiant, homme fort peu recommandable, tapageur et sournois, qui avait dû le séduire au moyen de quelque ruse. Cet homme avait fait sa première apparition sous les auspices du camarade Remniov et avait passé quelques jours à la pension. Il avait prétendu « souffrir pour la vérité ». Auparavant, il aurait été fonctionnaire en province et se serait vu révoquer avec ses collègues après le passage d’un inspecteur. Venu à Saint-Pétersbourg, il s’était jeté aux pieds de Porfiri Grigoriévitch en implorant de lui une place dans quelque bureau, place qu’il avait obtenue. Mais, poursuivi par le mauvais sort, il s’était encore trouvé à pied par suite de la fermeture du bureau qu’on avait plus tard réorganisé mais sans le reprendre au nombre des nouveaux employés… en raison de son incapacité administrative et aussi de sa capacité pour un tout autre genre de travail, sans parler de son amour de la vérité et des intrigues de ses ennemis. Après ce récit au cours duquel ce Zimoveikine avait plusieurs fois embrassé son ami Remniov, homme morose à la barbe inculte, il avait salué très bas chacun des assistants à tour de rôle, sans omettre la domestique Avdotia, en les proclamant tous ses bienfaiteurs, puis s’avouait, en ce qui le concer-